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Détail d'un vitrail de la Cathédrale de Fribourg, XVIe siècle

Plan de la mine en l'état des connaissances actuelles

Mines d'argent du Fournel - Plan de la mine en l'état des connaissances actuelles

Document CCSTI Saint-Jean

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Plan des installations extérieures en 1855

Mines d'argent du Fournel - Plan des installations extérieures en 1855

Document CCSTI Saint-Jean

 Plan de la mine en 1869

Mines d'argent du Fournel - Plan de la mine en 1869

Document CCSTI Saint-Jean

Galerie du Quartier Nord

Mines d'argent du Fournel - Galerie dans le Quartier Nord

Photo CCSTI Saint-Jean

Galerie de roulage du niveau Sainte Barbe

Mines d'argent du Fournel - Galerie de roulage du niveau Sainte Barbe

Photo CCSTI Saint-Jean

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L'arrêt subi de la mine en 1908 après un fort investissement productif semble avant tout dû à une méconnaissance du gisement. Comme cela arrive souvent dans l'histoire des mines, l'exploitant a cru pouvoir trouver un nouveau champ d'exploitation et s'est trompé. La construction de la laverie a néanmoins été un peu imprudente. En 1906, quand la construction démarre, les voyants sont au vert. Quand l'usine est prête en mars 1907, un seul champ a finalement été reconnu, celui du quartier Sainte Barbe.

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Pompe de la

fin du XIXe siècle

Mines d'argent du Fournel - Pompe de la fin du XIXe siècle

Photo Vallouimages

L'établissement minier dans les gorges

Mines d'argent du Fournel - L'établissement de surface dans les gorges

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La Laverie du Bas, sous le rocher du château d'Urgon

Mines d'argent du Fournel - La Laverie du Bas, en aval des gorges

Encore en fonctionnement en 1907

Collection CCSTI Saint-Jean

 Ruines de la Laverie du Bas, en aval des gorges

Mines d'argent du Fournel - Ruines de la Laverie du Bas, en aval des gorges

Photo RTM - 05

 Entrée de la grande galerie d’écoulement de la mine du Fournel, en activité entre 1905 et 1908 - Sortie des wagonnets vers la Laverie du Bas - Bâtiment du compresseur en bordure du Fournel

Mines d'argent du Fournel - Entrée de la grande galerie d’écoulement de la mine du Fournel, en activité entre 1905 et 1908 - Sortie des wagonnets vers la Laverie du Bas - Bâtiment du compresseur en bordure du Fournel

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Mines d'argent du Fournel - Entrée de la grande galerie d’écoulement de la mine du Fournel, en activité entre 1905 et 1908 - Sortie des wagonnets vers la Laverie du Bas - Bâtiment du compresseur en bordure du Fournel

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Mines du Fournel

L'exploitation industrielle du XIXe siècle

La mine fut abandonnée à la fin du Moyen Âge et sombra dans l'oubli pendant plusieurs siècles. Néanmoins, quelques timides tentatives de reprises de l'exploitation eurent lieu  au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. La plus sérieuse survint en 1785 mais les troubles de la Révolution aboutissant à la mise à sac des installations en 1792 lui portèrent un coup fatal.

Il fallut attendre 1834 pour que l'on s'intéresse à nouveau aux mines. Les vestiges de l'exploitation de 1785 à 1792 attirèrent l'attention des ingénieurs de la Compagnie des Mines d'Allemont et des Hautes-Alpes, dont le gérant, Surell, déposa une demande de concession en 1836, accordée pour 23 ha par ordonnance royale le 16 janvier 1838. Un nouvel établissement est alors construit sur l'ancien. Une galerie d'écoulement est percée au bord du torrent et permet d'ouvrir un nouveau champ d'extraction. Mais la faillite de la Compagnie vient interrompre brutalement une exploitation en pleine expansion qui employait environ 80 ouvriers.

En 1847, l'activité est reprise par l'entreprenant Duclos de Boussois. Les ateliers sont remis en état et une fonderie est construite. 10 mineurs exploitent activement le filon dans la Galerie d'Écoulement et dans les Vieux Travaux. Mais, d'embrouilles en embrouilles et couvert de dette, Duclos doit s'enfuir en avril 1951. La mine passe alors pour 20 ans sous la direction de Suquet. C'est durant cette période que l'exploitation va réellement être prospère, employant jusqu'à 500 ouvriers et s'accompagnant d'une extension du périmètre de concession.

Mines d'argent du Fournel - Chantier du XIXe siècle

Mines d'argent du Fournel - Chantier du XIXe siècle - Galerie de roulage

Mines d'argent du Fournel - Chantier du XIXe siècle - Galerie de roulage

Mines d'argent du Fournel - Chantier du XIXe siècle - Galerie de roulage

Chantiers du XIXe siècle - Diverses galeries de roulage

Photos Vallouimages - Janvier 2006

Mines d'argent du Fournel - Chantier boisé dans le Quartier du Lacet

Mines d'argent du Fournel - Chantier du XIXe siècle - Salle du pilier

Mines d'argent du Fournel - Boisage du XIXe siècle

Mines d'argent du Fournel - Chantier du XIXe siècle - Poutre de soutènement

Chantier boisé

Salle du pilier

Boisage du XIXe siècle

Poutre de soutènement

Photo CCSTI Saint-Jean

Photo CCSTI Saint-Jean

Photo CCSTI Saint-Jean

Vallouimages - Janvier 2006

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 L'établissement minier est complètement transformé et agrandi, les aménagements hydrauliques et les ateliers de traitement sont perfectionnés. Les chantiers d'extraction s'étendent considérablement sous les deux rives du Fournel, sur une longueur de plus de 400 m et un dénivelé de 150 m. Au dessus de la galerie principale de roulage et d'écoulement les travaux s'organisent en 8 étages et communiquent avec le jour par une nouvelle entrée à mi-hauteur. En profondeur, les ouvrages s'enfoncent suivant le pendage du filon sur près de 50 m de hauteur, ce qui nécessite l'installation d'une pompe et d'un treuil mus par deux roues hydrauliques installées dans une chambre souterraine et alimentées par une dérivation du Fournel.

L'exploitation souterraine connaît cependant des difficultés. La mine n'échappe pas aux crues de 1856 qui frappent l'ensemble du Briançonnais. le Fournel inonde totalement les parties basses de la mine. L'abondance des failles entraîne la multiplicité des galeries de recherche. Une grande galerie d'écoulement commencée en 1855 à 120 m de profondeur sous l'établissement minier doit être abandonnée en 1858 devant l'extrême dureté de la roche à traverser. Vers 1860 Suquet connaît des démêlés avec l'administration fiscale.

À la mort de Suquet en 1871 la mine passe entre les mains de son beau-frère Arnaud, puis, à la suite d'une contestation, de sa veuve et de son fils Arthur Suquet. La mine connaît une période de troubles marquée par une mauvaise gestion et une réduction d'effectif. Les arrêts d'activité entraînent l'ennoiement des travaux profonds.

Mines d'argent du Fournel - Salle des poutres, avant dégagement

Mines d'argent du Fournel - Salle des poutres, après dégagement

Mines d'argent du Fournel - Salle des poutres, après dégagement

Mines d'argent du Fournel - Puits noyés dans le Quartier Nord

Salle des poutres, avant et après dégagement

Puits noyés Nord

Photo CCSTI Saint-Jean

Photos Vallouimages - Janvier 2006

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Mines d'argent du Fournel - Berline dans le Quartier Sainte Barbe

Berline dans le Quartier Sainte Barbe

Mines d'argent du Fournel - Berline

Mines d'argent du Fournel - Brouette dans le Quartier Nord

Berline dans le Quartier Sainte Barbe

Berline

Brouette Quartier Nord

Photo CCSTI Saint-Jean

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Vallouimages - Janvier 2006

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En 1875, la mine est cédée à la société anglaise Charles Grey & Consorts, puis en 1876 à Argentière Mineral Company Limited. L'exploitation reprend alors un second souffle, employant à nouveau plus de 200 ouvriers. La grande galerie d'écoulement est prolongée jusqu'à 600 m du jour et fin 1879 la jonction est réalisée avec les travaux anciens par un puits remontant de 70 m. Mais le filon est stérile en profondeur et les travaux sont suspendus.

En 1892, Batigne et Charlon, héritiers de Suquet, effectuent des recherches sur le versant nord et dans les travaux abandonnés. En avril, la mine est remise en activité par la société French Mines Limited avec moins de 30 ouvriers qui travaillent sur des lambeaux de filons négligés par leurs prédécesseurs. L'exploitation est à nouveau suspendue en juillet 1894.

En 1900, Chabrand et Pangaud relancent l'exploitation du gisement sur toute son étendue et font percer de nouvelles galeris, notamment au-dessus du hameau de l'Eychaillon. En août 1901, la mine est rachetée par la Compagnie des Mines des Bormettes qui entreprend d'importants travaux de recherche : galerie des Têtes, galerie Sainte-Barbe, galerie de Romains ... Le plan incliné de la mine principale est prolongé jusqu'à la grande galerie d'écoulement qui s'ouvre 500 m en aval de l'établissement minier, ce qui permet de réaliser une voie de transport souterraine débouchant à l'aval des gorges où une nouvelle laverie est construite de février 1906 à avril 1907. Elle est opérationnelle en 1907. Mais les recherches n'aboutissent pas et la mine ferme définitivement en 1908.

Après la récupération de la ferraille, la mine sombre dans l'oubli, effacée par le développement de la végétation, les éboulements des voies d'accès et des galeries, et, les inondations à répétition du Fournel.

L'établissement minier de surface

Plan de l'établissement en 1863 - Document CCSTI Saint-Jean

Toute mine importante dispose d'un établissement dans lequel vont se dérouler les opérations de minéralurgie. Ainsi dès la reprise de la fin du XVIIIe siècle, furent édifiés des bâtiments pour renfermer les diverses machines de broyage et de lavage du minerai. À ces ateliers de préparation mécanique s'ajoutaient d'autres infrastructures : une forge pour la fabrication et l'entretien de l'outillage et des machines, un bureau de direction, un magasin d'entrepôt, une cantine, une écurie pour les mulets qui assuraient le transport du minerai, la Maison du Directeur, une "charbonnerie", des ponts qui enjambaient le torrent, des canaux de dérivation, et à certaines époques une fonderie. Pour l'essentiel le minerai traité était envoyé aux fonderies de Marseille.

Après la crue de 1856 qui emporte les ponts et sape les berges, il faut reconstruire et rehausser une grande partie des ateliers. Ensuite l'établissement du Fournel évolue peu et garde son aspect jusqu'à son abandon à la fin du XIXe siècle. Il subit quelques transformations lors des reprises par les compagnies anglaises.

En 1906, la Compagnie des Bormettes met en chantier une nouvelle usine à l'extrémité de la grande galerie d'écoulement à 500 m en aval de l'établissement minier au pied du vieux château d'Urgon, donc au-dessus de la vallée de la Durance. Cette laverie, dite Laverie du Bas, opérationnelle en avril 1907, est à la pointe des techniques de l'époque : elle est constituée d'un seul grand bâtiment comprenant 7 étages de traitement. Les matériaux arrivent directement par voie ferrée, sont déversés au sommet de la laverie dans une trémie et passent successivement par toutes les phases de traitement. Les machines sont animées par une seule turbine de type Pelton grâce à une conduite forcée de 40 m de chute. Il s'agit d'une véritable petite usine où 20 ouvriers seulement pouvaient produire 50 tonnes de minerai à fondre par mois.

Mais le filon est épuisé. En 1908, la mine est abandonnée et l'ensemble des installations est livré aux ferrailleurs. L'établissement tombe en ruines et plusieurs bâtiments disparaissent avec la grande crue de 1928. Aujourd'hui, le bâtiment de la laverie est le mieux conservé et l'on reconnaît sans peine les infrastructures en béton des différentes machines.

Tous les exploitants ont été confrontés à l'étroitesse des gorges du Torrent du Fournel. Celui-ci fournissait bien sûr l'énergie hydraulique nécessaire au fonctionnement des machines, mais constituait aussi une menace permanente  à cause de la violence de ses crues souvent sous estimées lors de la construction des bâtiments. Ceux-ci sont installés sur les étroites berges qui se trouvent au fond des gorges ; de ce fait,  le traitement doit se faire dans plusieurs ateliers distincts, se succédant le long du torrent, impliquant de nombreuses ruptures de charge dans le processus d'enrichissement du minerai. On aménage cette dispersion des installations en créant plus de 170 m de vois ferrées et en édifiant une balance hydraulique de 8 m de hauteur. Lors de la dernière reprise d'activité en 1906, le site des gorges est abandonnée et une nouvelle laverie est édifiée plus en aval au débouché de la grande galerie d'écoulement. La préparation mécanique du minerai peut alors se dérouler dans de meilleurs conditions, mais le minerai doit transiter par un plan incliné souterrain de 250 m de long, puis par 600 m de voie ferrée en galerie.

La production au XIXe siècle

Pour tout le XIXe siècle les quantités de minerai produites peuvent être estimées à partir des données des comptes de redevances proportionnelles. Celles-ci nous fournissent la production en quintaux métriques, sa valeur marchande et le détail des frais d¹exploitation. Ces valeurs sont à la fois données par l'exploitant et par l'administration et divergent fortement quelquefois.

La production totale de la mine entre 1838, année du premier re-démarrage, et 1908, année de l'abandon définitif, dépasse les 16000 tonnes de minerai marchand, ce qui correspond à plus de 18 tonnes d¹argent, compte tenu de la richesse de la galène. L'essentiel (87%) de cette production a été réalisé durant la période Suquet. Elle correspond à l'abattage d'environ 45000 m3 de filon
Sous Surell sont produits 250 tonnes de minerai mal concentré soit l'équivalent de 30 à 50 tonnes de schlich. Sous Duclos la production s'élève à 70-90 tonnes de schlich par an. Avec Suquet, l'activité de la mine décolle et atteint vers 1855 un niveau record de 800 tonnes. Les dévastations de la crue de 1856 stoppent net cette croissance, puis durant les années 1860 la production décroît avec l'appauvrissement du gisement et les difficultés d'exploitation. On note un redressement de la production sous les compagnies anglaises, en partie causé par l'abattage des piliers et des stocks laissés par les prédécesseurs. La reprise de 1892 est insignifiante. On ne connaît pas précisément la production de la Compagnie des Bormettes, mais il semblerait que la nouvelle laverie ait produit au moins 1000 tonnes de schlich en 1907 ce qui correspondrait au dépilage du quartier de Sainte Barbe.

L'étude des registres du personnel montre l'emploi, d'une part, d'ouvriers professionnels dont beaucoup sont italiens, et, d'autre part, d'ouvriers locaux moins expérimentés et payant un plus lourd tribut aux accidents du travail. Plusieurs n'hésitaient pas à franchir le Col de la Pousterle pour rejoindre la mine depuis Vallouise ou Pelvoux. Les hommes travaillent plutôt sous terre alors qu'une forte proportion de femmes et d'enfants est employée au traitement du minerai. Les ouvriers travaillent à l'année. Les archives ne parlent pas d'absentéisme.

Il n'y a pas eu de mouvement social significatif, seulement pour des raisons de paye en retard.

 

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