Vallon de Bonne Pierre
Glacier de Bonne Pierre
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Bonne Pierre aujourd'hui (IGN), la Bonne Pierre il y a encore peu
(Duhamel, Guillemin,
Didier & Richard, etc.) ce nom convient bien au
grand vallon d'altitude caché derrière la crête de Pié Bérarde qui
prolonge l'arête ouest des Écrins. On le devine sur la droite en
remontant le vallon des Étançons en
direction de la Meije, mais on n'imagine pas le long vallon peu pentu qui
s'étire en amont. Pour le découvrir dans toute son ampleur, il faut
monter à la Tête de la Maye, en fin d'après-midi de préférence
pour bénéficier de l'éclairage plus favorable. |
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Vu d'en bas une imposante moraine ferme le vallon. En s'élevant un peu on
aperçoit vite un front de glacier, car tout le vallon supérieur faiblement pentu
et orienté d'est en ouest, est entièrement occupé par un glacier qui recouvrait
encore 232 ha en 1975 [Vivian].
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Vallon de Bonne Pierre : Partie aval |
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Son front est remonté d'une centaine de mètres en altitude depuis lors et se
situe actuellement aux environs de 2500 m au pied des Cornes de Pié Bérarde
en contrebas immédiat de la rupture de pente. Son retrait lui a fait abandonné
plusieurs petites moraines frontales dont celles correspondant à sa poussée des
années 1970-1980. Au delà de la rupture de pente, le glacier s'étale jusqu'à
3200 m selon une pente régulière. Son altitude moyenne est de 2950 m. Sa
longueur d'environ 3 kilomètres et sa largeur à peu près constante de 400 à 600
mètres en font un glacier de vallée typique [D'après
Vivian].
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Vallon et Glacier de Bonne Pierre : Le front |
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Sa langue est largement recouverte de
débris morainiques qui en font un glacier noir et qui la
protège. Assez tourmentée, elle n'occupe plus que le
fond du vallon très en contrebas de sa grande moraine de
rive droite qui marque l'extension maximale du glacier
au moment du PAG (Petit Âge Glaciaire, de 1550 à
1850). Directement dominée par les sommets de sa rive gauche qui, du
Flambeau des Écrins aux Cornes de Pié Bérarde,
participent à son alimentation presque jusqu'à son
front, elle est dissymétrique et s'amenuise de plus en
plus sur sa rive droite.
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Vallon et Glacier de Bonne Pierre : La langue |
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Sa grande moraine latérale de rive droite
constitue une originalité majeure du Glacier de Bonne
Pierre. De section triangulaire dissymétrique, plus
raide vers le glacier, plus douce au nord, cette moraine
s'étire entre 2200 m et 2940 m et dessine la concavité
tournée vers le nord du glacier. Plus en aval, la
moraine est nettement moins imposante mais marque la
concavité tournée vers le sud cette fois de l'ancienne
langue glaciaire du PAG dont le front devait se situer
entre 2000 et 2100 m. Les imposants débris morainiques
qui recouvraient la glace disparue indique l'ancien
étalement du glacier dans le bas du vallon.
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Vallon et Glacier de Bonne Pierre : Partie médiane |
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Cette moraine est assez effilée et
régulière, presque rectiligne, mais on n'en distingue
pas moins sur certaines portions un entrelacs de
moraines latérales témoins des multiples poussées ou
reculs du glacier durant le PAG. Une ou deux autres
moraines latérales plus en contrebas des moraines du PAG
témoignent de poussées plus récentes et de bien moindre
ampleur. La plus ancienne gagnée par la végétation
remonte au début du XXe siècle. Cet ensemble morainique
n'a pas d'équivalent sur la rive gauche où le glacier
lèche le bas des pentes des sommets qui le dominent
(1).
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Vallon et Glacier de Bonne Pierre : Partie médiane |
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Les eaux du petit Glacier d'Alvau
perché rive droite sous la Roche d'Alvau (3628 m)
et en voie de disparition viennent se perdre sous la
moraine du Glacier de Bonne Pierre s'en l'entamer
et rejoignent ses eaux sous-glaciaires
[D'après Vivian].
À cet endroit sous les
rochers du Perronnet, contrefort de la Tête
Sud de la Somme (3389 m), se situait autrefois
l'ancien Refuge de Bonne Pierre vers 2559 m.
La moraine se termine vers 2940 m à la
limite du majestueux cirque glaciaire orienté au
nord-ouest ouest qui, de Roche Faurio (3730 m) au
Flambeau des Écrins (3551 m), pourvoit à
l'alimentation du glacier à grands coups d'avalanches
descendues par les couloirs du Dôme de Neige
(4015 m) et du Clocher des Écrins (3808 m). Un
replat a permis l'installation d'un station
météorologique automatique et offre un agréable
emplacement de bivouac face au soleil couchant. Par
contre, les débuts de matinée y sont longtemps dans
l'ombre et froids.
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Vallon et Glacier de Bonne Pierre : Partie amont |
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C'est un lieu isolé et peu fréquenté,
pour amateur de grand Oisans sauvage
[Samivel].
De là, la vue embrasse tout le vallon et au-delà.
À l'amont Roche Faurio
(3730 m), trop près est écrasée. Son arête s'abaisse
jusqu'au Col des Écrins qui donne accès au bassin
du Glacier Blanc et ouvre la voie à l'ascension
du Dôme et de la Barre des Écrins (4102 m)
depuis la Bérarde. Il s'atteint par un
système de câbles très endommagés, donc ne surtout
pas s'y fier.
Lors d'un passage en juin 2007, l'un d'entre eux avait
une extrémité inférieure en forme de crosse révélatrice
des nombreuses chutes qu'il a dû enrayer et qui ne
tenait plus que par deux ou trois fils de métal proches
de la rupture.
Puis la formidable
face nord du Dôme de Neige des Écrins (4015 m)
aux contreforts rocheux complexes et le non moins
formidable pilier que constitue le Clocher des Écrins
(3808 m) à la tête surplombant le glacier de 900 mètres.
Il est en sursis soumis à de fréquents
éboulements, dont celui du printemps 1931 qui lui a
donné sa forme trifide. La marmotte de pierre qui
part à l'assaut du sommet et la cime du clocher pourrait
bien alimenter bientôt la moraine de surface du glacier
(voir sa géologie
ci-contre).
Pour bien saisir
toute l'ampleur de la face nord-est du Dôme, il
faut redescendre un peu sur la moraine. De là,
l'ensemble ressort comme l'un des plus beaux des Alpes :
une face de 1100 mètres de haut avec deux fantastiques
piliers qui s'élancent l'un vers le Dôme, l'autre
vers le Clocher et entre les deux le célèbre
Couloir Mayer-Dibona.
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Vallon et Glacier de Bonne Pierre : Partie amont |
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Vers l'aval, le chaînon issu de l'arête ouest du Dôme se poursuit au delà
du Clocher, jusqu'au Flambeau des Écrins (3551 m) puis s'abaisse
vite à la Pointe de Pié Bérarde (3192 m) au point de laisser entrevoir au
second plan la Grande Aiguille de la Bérarde (3421 m) et la Cime de l'Encoula
(3536 m). Plus loin encore dans l'axe de la vallée du Vénéon, on aperçoit
la Tête de Lauranoure (3325 m) et la Roche de la Muzelle (3465 m).
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Vallon et Glacier de Bonne Pierre : Les Écrins |
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Références
Vivian, 1975 : VIVIAN (R) - Les glaciers
des Alpes Occidentales, thèse de doctorat
Gidon, 2009 : GIDON (M) -
Géol-alp
Notes
(1) De l'amont à l'aval, la moraine latérale effilée s'élargit
vers 2600 mètres et présente jusqu'à 4 moraines imbriquées témoignant de divers
poussées du glacier. Une 5e plus épaisse peut même être distinguée rn un endroit
unique dans le vallon. Côté glacier, on distingue de une à deux moraines bien en
dessous du niveau du glacier du PAG. À partir de
2300 mètres, la moraine unique plonge dans la pente et délimite l'ancien glacier
qui devait se terminer vers 2000 mètres [Observation sur
le terrain de l'auteur].
Articles connexes :
Vallée du Vénéon
La Bérarde
Barre
des Écrins
Glacier Blanc
Glacier Noir
Vallon
des Étages
Vallon des Étançons
Vallon de la Pilatte
Vallon de la Lavey
