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Site sur Vallouise, les Écrins, les Alpes et bien d'autres massifs, régions et pays

Introduction

Toponymie générale

Toponymie - L'Argentière

Toponymie - Freissinières 

Toponymie - La Roche

Toponymie-Saint-Martin

Toponymie - La Vallouise
Toponymie - La Clarée

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Carte de Dauphiné

Jean de Beins - 1622

Carte de Dauphiné - Jean de Beins - 1622

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Carte du Daufiné

Nicolas Sanson - 1652

Carte du Daufiné - Nicolas Sanson d'Abbeuille - 1652

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Toponymie de la Vallouise

Étude et Étymologie des noms de lieux

Vallouise - Pelvoux - Puy-Saint-Vincent

Les Vigneaux - Massif de Montbrison

Introduction

A  B  C-D  E-G  H-M   N-O  P  Q-R  S-T  U-Z

Abréviations et ouvrages consultés

L'invention des lieux de la Vallouise

Présentation de la vallée

La Vallouise géographique correspond au bassin hydrographique de la Gyronde  et de ses affluents. Ses limites correspondent donc, à l'amont, aux sommets, crêtes et cols qui l'entourent, et à l'aval,  au confluent de la Gyronde avec la Durance. Néanmoins la totalité du massif de Montbrison lui est rattachée dans ce chapitre ainsi que plusieurs toponymes d'outre monts, que ce soit parce que le nom étudié en provient ou/et pour maintenir une unité locale.

C'est une vallée de montagne, de haute montagne même, qui s'étage de 979 m au confluent de la Gyronde et de la Durance, à 4102 m au sommet des Écrins. Largement ouverte sur le sud et protégée par sa ceinture de montagne, elle bénéficie d'un climat méditerranéen interne, de plus en plus alpin à mesure que l'on remonte vers l'amont à peine influencé par les perturbations océaniques sur ses marges ouest et nord-ouest.

Verte et riante à l'aval en fond de vallée, aux versants de plus en plus boisés, mélézins à l'ubac, pinées à l'adret, la vallée est très vite dominée par le minéral à mesure qu'on la remonte ou qu'on s'enfonce dans ses vallées latérales. La pierre et les hauteurs l'emportent vite et s'imposent alors dans les toponymes, jusque dans le nom de son cours d'eau et ancien nom de la vallée.

Les populations façonnent les noms

Parcourue et occupée par l'homme depuis plusieurs millénaires (1), celui-ci l'a façonnée, exploitée, nommée jusqu'à haute altitude, évitant toutefois les plus hauts sommets même si ceux-ci étaient beaucoup moins englacés qu'aujourd'hui (2). Difficile de connaître ces premiers chasseurs et pasteurs de passage, puis habitants permanents. Quelles langues parlaient-ils ? Quels mots utilisaient-ils pour nommer les lieux ? Ce dont on est à peu près sûr, c'est que dans leurs langues, les mots utilisés pour désigner la hauteur, la roche ou l'eau voulaient dire respectivement hauteur, roche ou eau ! On retrouve ces mots dans les plus anciens noms de sommets ou de cours d'eau, mais ils sont souvent cachés ou tombés dans l'attraction du vocabulaire de peuplades plus récentes. On les attribue à des groupes pré-indo-européens d'origine méditerranéenne dont les Ligures, souvent mentionnés dans la région.

Ceux-ci seront absorbés par les tribus celtes du premier (Hallstatiens, VIIIe siècle avant J.-C.) et surtout du second (Celto-Ligures, à partir du IVe siècle avant J.-C.) âge du fer qui apporteront leur langue et leurs mots encore bien présents dans la toponymie mais sans plus.

Les Romains qui en avaient peur s'aventureront peu en montagne, préférant les fonds de vallée pour y tracer leurs routes rapides et bien calibrées dont l'une passait à l'entrée de la vallée (3). Si le latin classique n'a pratiquement pas pénétré dans les vallées, l'utilisation du bas-latin, mâtiné de gaulois puis de germanismes, à proprement parler déjà du proto-roman, se généralisera et se transformera progressivement en langue romane au haut Moyen Âge. En réalité, l'époque romaine n'a pas vraiment apporté de nouveaux toponymes dans la région mais par contre tous les noms furent latinisés.

Sauf quelques exceptions notables, mais en dehors de la Vallouise, les peuples germaniques, Francs, Wisigoths, Burgondes, Lombards, à vrai dire minoritaires, fourniront plus de patronymes que de toponymes. Une incursion lombarde au VIe siècle a laissé quelques traces discutées du côté de la vallée de Freissinières.

Vallouise  rentre véritablement dans l'histoire en 739 avec le testament du patrice Abbon, dans lequel il cite la vallée des rochers - Vallis Gerentonia et In Gerentonnis - parmi les possessions qu'il lègue à l'abbaye de Saint-Pierre de Novalaise, dans les environs de Suse en Piémont (4). Dans le Briançonnais et la Vallouise en particulier, le document mentionne des prairies, des pâturages et des forêts, mais pas de vigne. Des vignes sont par contre citées à Saint-Jean-de-Maurienne, Gap et Suse.

Les XIIe et XIIIe siècles (5) (6) voient une structuration de l'espace et une profusion de nouveaux toponymes en remplacement ou en complément des vieux noms issus des couches linguistiques précédentes et devenus incompris (7). C'est ainsi que la vallée des rochers devint la vallée mauvaise - Vallis Puta (8), en fait la « vallée aux mauvaises eaux » - aqua que vocatur puta. Les noms des villages et des principaux hameaux apparaissent à cette époque de même que les principaux domaines d'exploitation mis en valeur sous l'impulsion de l'abbaye d'Oulx qui couvrira le Briançonnais de nombreux prieurés dès le milieu du XIe siècle. Les Villa, Villarium, Podium, Banchis, Ala Freyda, Parchetos, ... datent de cette période. La présence de manses, chabanneries et borderies en Vallouise attestent de l'extension de l'espace agraire par les défrichements (9), générant autant de toponymes. En particulier, des vignobles sont mentionnés en Vallouise et à Saint-Martin-de-Queyrières au tout début du XIIe siècle.

C'est l'époque de l'émergence du pouvoir delphinal et de son administration, puis des Escartons et de leur émancipation fiscale. Vallouise formait alors une communauté unique, l'une des plus importantes de l'Escarton de Briançon, divisée en trois tierces de Pisse, du Puy et de Ville, qui incluait les Vigneaux.

Les populations parlaient une langue vernaculaire romane, ancêtre de l'occitan alpin, qui commença à se propager dans l'administration dès le XIIIe siècle (10).

L'essentiel des noms de lieux désignant les territoires exploités existaient dès cette époque. On les retrouve dans les documents d'archives sous des formes romanes dérivées du latin et à l'origine des noms vernaculaires futurs.

En 1469, apparaît pour la première fois le nom définitif de la vallée, Vallis Loysia, en l'honneur du Dauphin Louis, futur Roi Louis XI qui ne s'imposera définitivement qu'au cours du XVIe siècle.

La Renaissance vit la francisation des noms et l'Ordonnance de Villers-Cotterêts en août 1539 consacra l'utilisation du français, comprendre la langue d'oïl, dans les actes légaux et notariés. Si les élites parlaient le français, au niveau de la population c'était une autre paire de manches. Jusqu'aux premières décennies du XXe siècle, elle parlait patois (11), variantes locales de l'occitan alpin. Si tous se comprenaient, il y avait presque autant de patois ou parlers locaux  que de villages, y compris dans la vallée (12) !

Il en fut de même pour les toponymes : francisés plutôt que traduits pour l'écrit et les échanges extérieurs, dans les faits la population a continué à les exprimer dans son parler local. On trouve ainsi quantité de doublons, le nom français ou francisé d'une part, et son doublon dialectal ou patois d'autre part.

Les cartographes inventent le territoire

Le XVIIe siècle marqua le début l'invention du territoire avec la carte du Dauphiné de Jean de Beins (13) publiée en 1622, la première à représenter la Vallouise, où on relève La Batye, Le Vignaux, Les Prez, Le Puy, La Val Louyse, S. Anthoine, Les Claux (14). Les cours d'eau, sans être nommés, sont assez bien représentés indiquant une bonne connaissance du terrain (15). .Nicolas Tassin en 1637 mentionne aussi Vallouise et les deux branches de la Gerendoine, toujours sans la nommer, dans une carte du Dauphiné orientée sud-nord. Les montagnes sont mieux dessinées mais toujours sans nom sur la carte de Nicolas Sanson (16), publiée en 1652.  La représentation des cours d'eau est quasi identique à celle de la carte de Jean de Beins mais, parmi les villages, seuls le Vignau et le Val Loise sont nommés (14) (17).

Il fallut attendre la carte du Dauphiné de Pierre Joseph Bourcet (18), publiée en 1758, pour une première représentation du relief et la découverte des montagnes. Les vallées sont bien marquées, les sommets un peu moins mais ils commencent à être nommés.  On y trouve le Grand Pelvoux, la Montagne d'Oursine future Barre des Écrins, la Pointe des Verges, la Montagne des Agniaux  ...

Net recul avec la carte de César François Cassini (19) (20),  publiée en 1779, certes plus agréable à l'œil en version couleur, mais moins précise en général concernant le relief (21). La partie concernant la Vallouise est néanmoins du plus grand intérêt, par la représentation des vallées, les lieux détaillés et les noms cités : Bouchier, les Prés, Vallouife et les Vigneaux sont les villages importants ; les quartiers d'altitude principaux sont ceux de la Pousterle et de Narreyroux, la montagne de Puy Aillaud, l'Eychauda et Ailefroide, et, par dessus tout, celui de Bonvoisin.

Voir l'article la Vallouise sur la carte de Cassini.

La Révolution eut un impact administratif et politique déterminant dans la région, avec la disparition des Escartons et la création des départements et des cantons.  La communauté de Vallouise vola en éclat et fut partagée en quatre communes correspondant aux anciennes tierces, plus les Vigneaux. Elle fut érigée en canton durant la période révolutionnaire puis finalement intégrée au canton de l'Argentière qui appartenait à l'Embrunais. C'est dire le traumatisme local !

L'intermède révolutionnaire se traduisit pas un changement dans les noms qui évoquaient l'ancien régime et la religion. C'est ainsi que Vallouise et Puy-Saint-Vincent devinrent temporairement Val Libre et Puy-Prés mais les anciens noms furent vite rétablis. D'ailleurs, la population n'a jamais dû cesser de les utiliser !

L'avènement de la cartographie moderne

L'Empire marqua le lancement de deux réalisations majeures : un plan cadastral parcellaire établi entre 1807 et 1850 base du cadastre actuel, et, une carte destinée à remplacer celle de Cassini, dont la mise en œuvre se fit entre 1817 et 1866. Ce fut une carte à l'usage des militaires : la carte de l'état-major, à l'échelle 1/80 000, ancêtre des cartes de l'IGN.

Les cartographes ont joué un rôle essentiel d'abord dans les inventaires des noms, ensuite dans leur francisation et leur graphie, en partant parfois de simples indications verbales, et enfin dans leur report sur les cartes (22). Les cadastres napoléoniens ont également contribué à l'enregistrement et à la localisation précise de beaucoup de lieux-dits souvent oubliés aujourd'hui  (23). Enfin, les topographes de l'armée ont triangulé à tout va pour aboutir aux fameuses cartes d'état-major. N'oublions pas que la première ascension du Pelvoux  par le capitaine Durand en 1828 n'avait que l'objectif de trianguler le massif !

La Vallouise y gagna un 4000 m, le sommet des Écrins (24), méconnu jusqu'alors par les savants et pourtant point culminant de la France de l'époque.

L'émergence du tourisme dans la seconde moitié du XIXe siècle fit apparaître des besoins nouveaux non couverts par les cartes d'état-major, dont la lisibilité et la précision, notamment dans les massifs montagneux, étaient jugées insuffisantes par les alpinistes réunis dans le CAF (25) créé en 1874 ou la STD (26) fondée en 1875. Il s'en suivit dans la région une émulation entre Henri Duhamel (27), le grenoblois, et Paul Guillemin (28), le briançonnais, pour produire des cartes civiles, déjà de grande qualité.

Le rattachement de la Savoie à la France en 1860 fit perdre sa prééminence nationale au sommet des Écrins pour n'être plus que le point de ce qui était alors appelé simplement le Haut-Dauphiné.

Les évolutions récentes de la fin du XIXe siècle au début du XXIe siècle

Les cartes de la fin du XIXe siècle figent la toponymie régionale, et ce exclusivement en français. Elles n’évolueront plus qu’en précision, exactitude et surtout lisibilité.

Localement, jusqu’au milieu du XXe siècle, les habitants ont continué à utiliser les noms vernaculaires, rappelant une donnée fondamentale : la toponymie ne nous est parvenue qu’à travers le filtre de la langue parlée locale : l’occitan alpin. En effet, la Vallouise est située au cœur de la zone occitane alpine, sa toponymie est occitane alpine et les noms de lieux traditionnels que l'on utilise encore aujourd'hui nous sont tous parvenus de l'occitan alpin.

La toponymie de la Vallouise reste bien vivante, elle évolue même continuellement, ainsi la Pisse ou la Picho est devenue Pelvoux, mais plus de 100 ans après le changement, les anciens parlent toujours des Pichallets (29) ; Ville-Vallouise s'estompe au profit du seul Vallouise ; les communes de Vallouise et Pelvoux se sont réunies dans la commune nouvelle de vallouise-Pelvoux (2016) ; la Vallouise est bien souvent remplacé par la vallée de la Vallouise, illustration actuelle de la transformation des noms lorsqu'on ne les comprend plus (30). Peut-être demain aurons-nous le Val Louise ! ?

Elle s'enrichit aussi de nouveaux noms. Certes, beaucoup de noms liés à l'exploitation agricole disparaissent avec les derniers exploitants, mais d'autres les remplacent liés au développement touristique. Les sommets, cols, lieux remarquables, qui n'étaient pas nommés ont maintenant tous un nom. Puy-Saint-Vincent, devenu station de ski, à donner naissance à Puy-Saint-Vincent 1400, 1600 et dernièrement 1800. Le Pays des Écrins s'impose, en remplacement de l'ancien nom de l'Argentiérois, tombé en désuétude.

Le Pays des Écrins est d'ailleurs non seulement un toponyme mais également une marque déposée. Ce qui traduit dans ce cas une utilisation de la toponymie à des fins de promotion touristique. La promotion marketing d’un territoire, d’une ville, d’une station de ski influe en effet sur la toponymie. Par exemple, Chamonix-Mont-Blanc, la Grave-la-Meije, Saint-Gervais, renommé Saint-Gervais-les-Bains à l’âge d’or des stations thermales puis Saint-Gervais-Mont-Blanc, encore plus porteur. Les noms des stations de ski doivent s’imposer au niveau international, Val Thorens est meilleur que Saint-Martin-de-Belleville. Les apocopes sont fréquentes dans le langage parlé, Cham, Val Tho, Serre Che.

Par contre, les acronymes sont rares. Citons le Pays Sud, pour le Pays Serre-Ponçon Ubaye Durance créé en 2004, et, bien sûr, Paca pour la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Un acronyme est peut-être en cours de création dans le Pays des Écrins pour le nom à rallonge de L’Argentière-la-Bessée, souvent abrégé en l’ABC à l’écrit, ce qui donne la Bessée à l’oral, acronyme de L’Argentière-la-Bessée !

Dans le même ordre d’idée, les noms tendent tous vers la simplification, c’est pourquoi les nouveaux noms à rallonge laissent dubitatif. L’Argentière-la-Bessée encore, à rallonge depuis 1941, La Salle- les-Alpes, Le Monêtier-les-Bains se réduisent à seulement l’Argentière, la Salle, (le) Monêtier dans le langage parlé. Le nom du Pays du Briançonnais connaît d’entrée de jeu, comme on pouvait s’y attendre, le même sort que le Pagus Brigantiensum, et se réduit évidemment à Briançonnais.

L’évolution est frappante concernant la micro-toponymie. Il s’agit de noms de lieux à l’échelle d’un hameau, d’une petite communauté, voire d’une famille. Essentiellement fondée sur l’exploitation agricole, et ancêtre des GPS pour la localisation précise, c’est un patrimoine culturel particulièrement riche en voie de disparition. Mais si une micro-toponymie disparaît, une autre apparaît. Les grimpeurs et les alpinistes font preuve d'une imagination débordante pour nommer leurs voies et les passages clés de leurs ascensions. Comme la micro-toponymie agricole, connue de ses seuls utilisateurs, elle est réservée à un clan d’initiés.

La toponymie n’est pas figée donc, elle évolue et continuera à évoluer. Nous sommes d'ailleurs tous les acteurs de cette évolution.

Notes :

(1) L'homme est apparu dans les Alpes il y a plusieurs milliers d'années. Des passages et des occupations de plus longues durées remontant à la nuit des temps ont été identifiés en altitude dans le vallon de la Selle et au fond de la Combe de Narreyroux pour la Vallouise, mais aussi dans le vallon du Fournel, le vallon de Chichin et à Faravel. Ces recherches, encore non publiées pour les plus récentes, comblent les trous relevés pour les Alpes du Sud dans l'Atlas culturel des Alpes occidentales, 2004.

(2) Les Alpes se sont fortement réchauffées après la dernière période glaciaire du Dryas qui remonte à plus de 10 000 années en arrière. Malgré quelques fluctuations, les glaciers ont ensuite fortement régressé, voire même disparu, durant plusieurs millénaires.  Ils n'ont envahi à nouveau la montagne que ces 500 dernières années avec une poussée majeure de 1550 à 1850 durant le Petit Âge Glaciaire (PAG). Depuis, malgré encore quelques avancées des glaciers dont la dernière ne s'est achevée que vers 1990, la tendance est à un retrait généralisé et de plus en plus rapide des glaces - Emmanuel Le Roy Ladurie, Histoire humaine et comparée du climat, tome 1, 2004 et tome 2, 2006.

(3) Les considérations de certains érudits du XIXe siècle, souvent reprises encore actuellement, faisant passer des voies romaines un peu partout, par le Col de l'Eychauda ou le Col de Bonvoisin, aujourd'hui Col de l'Aup Martin et Pas de la Cavale, sont au mieux sujettes à caution, au pire fantaisistes. Cette remarque bien sûr n'exclut pas éventuellement des voies de communication utilisées par les populations locales à vrai dire très peu romanisées - Au Moyen Âge par exemple, le Col de l'Eychauda était très emprunté par les vallouisiens pour se rendre à Briançon et les glaciers étaient très peu développés facilitant le passage des cols d'altitude.

(4) Lieutenant de Charles Martel, le patrice Abbon régnait alors sur la Maurienne et le Val de Suse au pied du Mont-Cenis, où il avait fondé dix ans plus tôt l'abbaye de Saint-Pierrre de Novalaise sur un de ses domaines. Guy Barruol, Henri Falque-Vert, Atlas culturel des Alpes occidentales, 2004.

(5) Ces deux siècles favorisés par le climat du Petit Optimum Médiéval (POM) voient une croissance importante de la population - Emmanuel Le Roy Ladurie, Histoire humaine et comparée du climat, tome 1, 2004.

(6) Le médiéviste Jacques Le Goff parle de vrai renaissance à propos du XIIe siècle, époque importante de changement et de quasi-modernité, à la base des techniques agricoles et industrielles qui perdureront jusqu'à la révolution industrielle des XVIIIe-XIXe siècles - Jacques Le Goff, « La Renaissance n'a jamais existé », Le Point n°1788-1789, 21-28 décembre 2006.

(7) Beaucoup des noms mentionnés dans le testament du patrice Abbon au VIIIe siècle semblent avoir disparus aux XIe-XIIe siècles  - Guy Barruol, Henri Falque-Vert, Atlas culturel des Alpes occidentales, 2004.

(8) La première mention du nouveau nom dans les archives remonte à 1173, soit bien avant l'arrivée des vaudois, et la dernière à 1544.

(9) Henri Falque-Vert, Atlas culturel des Alpes occidentales, 2004.

(10) Jacques Le Goff, « La Renaissance n'a jamais existé », Le Point n°1788-1789, 21-28 décembre 2006.

(11) Certains voudraient proscrire le terme « patois » perçu comme méprisant [Faure]. Le mot existe depuis le XIIIe siècle et dérive de PATTE exprimant, certes, par là la grossièreté des gens parlant ce langage. Mais le souci de 'bien-pensance' ou le complexe d'infériorité sous-jacent n'ont pas ou plus lieu d'être. Tous les interlocuteurs patoisants - comment les appellerait-on ? - que j'ai rencontrés sont fiers de leur patois et regrettent sa disparition. Au contraire, ils ont presque un complexe de supériorité de parler une langue que les autres ne comprennent pas et d'être sollicités par les chercheurs de tous poils, comme l'auteur ! Ils sont maintenant âgés, une culture et un patrimoine disparaissent que beaucoup dans les générations suivantes regrettent d'avoir négligés.

On distinguera les parlers locaux ou patois, propres à chaque localité, multiples variantes issues du dialecte occitan alpin, lui-même composante alpine de la langue occitane. On admettra que le terme dialecte peut ne pas se justifier et donc considérer l'occitan alpin comme une langue à part entière,  parlée dans tout le haut Dauphiné franco-piémontais ainsi qu'en Ubaye et les hautes vallées du Verdon, du Var et de la Tinée.

(12) À titre d'exemple, le canal ou béal est béa à Vallouise, bua à Puy Aillaud et béai aux Prés - Comparaison effectuée par Jean Alliey, Joséphine Granet et Étienne Roman, patoisants originaires de chacun des villages, décembre 2006.

(13) Jean de Beins (1577 - 1651), ingénieur et géographe du Roi, Carte et description générale de Dauphiné, éditée en un très petit nombre d'exemplaires en 1617, puis à nouveau éditée à seize reprises entre 1622 et 1654.

(14) Les graphies sont celles des cartes.

(15) Il faut dire que celle-ci était devenue primordiale pour l'armée  dans une région frontalière devenue à son corps défendant champ de batailles ou position arrière lors des guerres des règnes de Louis XIV et Louis XV. Le résultat de ces guerres fut catastrophique pour le Briançonnais qui éclata au Traité d'Utrecht en 1713 avec la perte des Escartons piémontais cédés au Duc de Savoie et se réduisit alors aux deus seuls Escartons du Queyras et de Briançon auquel appartenait Vallouise.

(16)  Nicolas Sanson d'Abbeville (1600 - 1667), géographe ordinaire du Roi, Le Gouvernement général du Dauphiné, 1652.

(17) Ses successeurs dans les décennies suivantes, entre autres Tillemont en 1690 et de Fer en 1693 et 1705 s'en inspireront largement sans innover. Tillemont, États de Savoie et de Piémont, Gouvernement Général du Dauphiné, 1690. Nicolas de Fer, Gouvernement Général du Dauphiné, 1705.

(18) Pierre Joseph Bourcet (1700 - 1780), briançonnais des vallées vaudoises juste avant leur cession, est un militaire, spécialiste de la guerre en montagne, lieutenant général en 1766. Il est l’auteur de Mémoires militaires sur les frontières de la France et du Piémont du lac de Genève au Var et de la Carte Géométrique du Haut-Dauphiné en en 9 feuilles au 1/86400e, basée sur une triangulation.

(19) César-François Cassini de Thury (1714 - 1784). Il entreprit la carte complète de la France en 182 feuilles au 1/86400. La feuille 151 est celle de Briançon, publiée en 1779 et dont les relevés ont été effectués entre 1772 et 1777.

(20) Jacques Cassini commença, de 1733 à 1739, la triangulation du Royaume. Son fils César François Cassini de Thury la poursuivit et publia les travaux complets en 1783.
Ce dernier commença aussi le levé  de la carte du Royaume  au 1/86 400, d'abord avec l'appui financier du Roi, puis avec l'appui d'une association, d'une souscription publique, et bientôt, le relevé  des provinces. Il mourut en 1784. 
Sous la direction de son fils, Jacques Dominique Cassini, à la veille de la Révolution, la carte pour l'ensemble du Royaume était quasiment achevée. Des additions nombreuses furent apportées, essentiellement sur les voies de communication, entre 1798 et 1812.

(21) La carte de Cassini, malgré ses défauts, et la carte de Bourcet fixeront l'état des connaissances cartographiques à l'orée du XIXe siècle avant la grande période d'établissement des cartes militaires.

(22) La représentation de la vallée et de ses sommets sur les cartes a beaucoup évolué depuis les premières cartes des pionniers du XVIIe siècle jusqu'aux cartes modernes de l'IGN - Laura et Giorgio Aliprandi, Les Grandes Alpes Dans La Cartographie 1482 1885, tome 1, Histoire De La Cartographie Alpine, 2005.

(23) C'est bien souvent la seule source à disposition. Une source très riche qui a enregistré la structure en quartiers et parcelles de l'espace agricole dans la première moitié du XIXe siècle. Les différentes éditions postérieures du cadastre s'appuient toujours sur le cadastre napoléonien concernant la toponymie. Certaines orthographes ont été modernisées, pas toujours à juste titre d'ailleurs, car croyant corriger des fautes des mots locaux ont été gommés, comme Font, au sens de source en occitan, souvent remplacé par Fond.

(24) Les Écrins ou les Arsines, l'histoire de l'invention du sommet est encore longue avant d'aboutir à la Barre des Écrins, au Pic Lory et au Dôme de Neige des Écrins.

(25 et 26) Club Alpin Français et Société des Touristes Dauphinois. La seconde fut créée en réaction au parisianisme centralisateur du premier par des alpinistes dauphinois, qui à l'époque ne récusaient pas le terme de touristes !

(27) Henri Duhamel produisit en particulier en collaboration avec William Coolidge, un Guide du Haut-Dauphiné (1887-1889) associé à quatre cartes au 1/100 000 qui fit longtemps autorité.

(28) Voir les différentes pièces du fond Guillemin aux Archives Départementales des Hautes-Alpes (ADHA).

(29) En 1893.

(30) La vallée de la Vallouise est une tautologie car Vallouise inclut déjà le mot vallée dans son nom.

 

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Octobre 2004