Toponymie de la
Vallouise
Étude et Étymologie des noms de
lieux
Vallouise - Pelvoux -
Puy-Saint-Vincent
Les Vigneaux - Massif
de Montbrison
Introduction
A
B
C-D
E-G
H-M
N-O P
Q-R S-T
U-Z
Abréviations
et ouvrages consultés
L'invention des lieux de la Vallouise
Présentation de la vallée
La Vallouise
géographique correspond au bassin hydrographique de la Gyronde
et de ses affluents. Ses limites correspondent donc, à l'amont, aux sommets,
crêtes et cols qui l'entourent, et à l'aval, au confluent de la Gyronde
avec la Durance. Néanmoins la totalité du massif de Montbrison
lui est rattachée dans ce chapitre ainsi que plusieurs toponymes d'outre monts,
que ce soit parce que le nom étudié en provient ou/et pour maintenir une unité
locale.
C'est une vallée de montagne, de haute
montagne même, qui s'étage de 979 m au confluent de la Gyronde
et de la Durance, à 4102 m au sommet des Écrins.
Largement ouverte sur le sud et protégée par sa ceinture de montagne, elle
bénéficie d'un climat méditerranéen interne, de plus en plus alpin à mesure que
l'on remonte vers l'amont à peine influencé par les perturbations océaniques sur
ses marges ouest et nord-ouest.
Verte et riante à l'aval en fond de
vallée, aux versants de plus en plus boisés, mélézins à l'ubac, pinées à
l'adret, la vallée est très vite dominée par le minéral à mesure qu'on la
remonte ou qu'on s'enfonce dans ses vallées latérales. La pierre et les hauteurs
l'emportent vite et s'imposent alors dans les toponymes, jusque dans le nom de
son cours d'eau et ancien nom de la vallée.
Les populations façonnent les
noms
Parcourue et occupée par l'homme depuis
plusieurs millénaires (1),
celui-ci l'a façonnée, exploitée, nommée jusqu'à haute altitude, évitant
toutefois les plus hauts sommets même si ceux-ci étaient beaucoup moins englacés
qu'aujourd'hui (2).
Difficile de connaître ces premiers chasseurs et pasteurs de passage, puis
habitants permanents. Quelles langues parlaient-ils ? Quels mots utilisaient-ils
pour nommer les lieux ? Ce dont on est à peu près sûr, c'est que dans leurs
langues, les mots utilisés pour désigner la hauteur, la roche ou
l'eau voulaient dire
respectivement hauteur, roche ou eau ! On retrouve ces mots dans les plus
anciens noms de sommets ou de cours d'eau, mais ils sont souvent cachés ou
tombés dans l'attraction du vocabulaire de peuplades plus récentes. On les
attribue à des groupes pré-indo-européens d'origine méditerranéenne dont les
Ligures, souvent mentionnés dans la région.
Ceux-ci seront absorbés par les tribus
celtes du premier (Hallstatiens,
VIIIe siècle avant J.-C.) et surtout
du second (Celto-Ligures, à
partir du IVe siècle avant J.-C.) âge du fer qui apporteront leur langue et leurs mots encore bien présents
dans la toponymie mais sans plus.
Les Romains qui en avaient peur
s'aventureront peu en montagne, préférant les fonds de vallée pour y tracer
leurs routes rapides et bien calibrées dont l'une passait à l'entrée de la
vallée (3).
Si le latin classique n'a pratiquement pas pénétré dans les vallées,
l'utilisation du bas-latin, mâtiné de gaulois puis de germanismes, à proprement
parler déjà du proto-roman, se
généralisera et se transformera progressivement en langue romane au haut Moyen Âge. En réalité, l'époque romaine n'a pas vraiment apporté de nouveaux
toponymes dans la région mais par contre tous les noms furent latinisés.
Sauf quelques exceptions notables, mais en
dehors de la Vallouise,
les peuples germaniques, Francs, Wisigoths, Burgondes,
Lombards, à vrai dire minoritaires, fourniront plus de patronymes que de
toponymes. Une incursion lombarde au VIe siècle a laissé quelques traces
discutées du côté de la vallée de Freissinières.
Vallouise
rentre véritablement dans l'histoire en 739 avec le testament du patrice
Abbon, dans lequel il cite la vallée des rochers - Vallis
Gerentonia et In Gerentonnis - parmi les possessions qu'il lègue à
l'abbaye de Saint-Pierre de Novalaise, dans les environs de Suse
en Piémont (4).
Dans le Briançonnais et
la Vallouise
en particulier, le document mentionne des prairies, des pâturages et des forêts,
mais pas de vigne. Des vignes sont par contre citées à
Saint-Jean-de-Maurienne, Gap et Suse.
Les XIIe et XIIIe siècles
(5) (6) voient une structuration
de l'espace et une profusion de nouveaux toponymes en remplacement ou en
complément des vieux noms issus des couches linguistiques
précédentes et devenus incompris (7).
C'est ainsi que la vallée des rochers devint la vallée mauvaise -
Vallis Puta
(8),
en fait la « vallée aux mauvaises eaux » - aqua que vocatur puta. Les noms des villages et des principaux hameaux apparaissent à cette époque de
même que les principaux domaines d'exploitation mis en valeur sous l'impulsion
de l'abbaye d'Oulx qui couvrira le Briançonnais de nombreux
prieurés dès le milieu du XIe siècle. Les Villa,
Villarium,
Podium,
Banchis,
Ala Freyda,
Parchetos,
... datent de cette période. La présence de manses, chabanneries et borderies en Vallouise
attestent de l'extension de l'espace agraire par les défrichements
(9),
générant autant de toponymes. En particulier, des vignobles sont mentionnés en Vallouise
et à Saint-Martin-de-Queyrières
au tout début du XIIe siècle.
C'est l'époque de l'émergence du pouvoir
delphinal et de son administration, puis des Escartons et de leur
émancipation fiscale. Vallouise
formait alors une communauté unique, l'une des
plus importantes de l'Escarton de Briançon, divisée en trois tierces de Pisse, du Puy
et de Ville,
qui incluait les Vigneaux.
Les populations parlaient une langue
vernaculaire romane, ancêtre de l'occitan alpin, qui commença à se propager dans
l'administration dès le XIIIe siècle
(10).
L'essentiel des noms de lieux désignant
les territoires exploités existaient dès cette époque. On les retrouve dans les documents
d'archives sous des formes romanes dérivées du latin et à l'origine des noms
vernaculaires futurs.
En 1469, apparaît pour la première fois le
nom définitif de la vallée, Vallis Loysia, en l'honneur du Dauphin Louis, futur Roi Louis XI qui ne s'imposera définitivement
qu'au cours du XVIe siècle.
La Renaissance vit la francisation
des noms et l'Ordonnance de Villers-Cotterêts en août 1539
consacra l'utilisation du français, comprendre la langue d'oïl, dans les actes
légaux et notariés. Si les élites parlaient le français, au niveau de la
population c'était une autre paire de manches. Jusqu'aux premières décennies du
XXe siècle, elle parlait patois (11),
variantes locales de l'occitan alpin. Si tous se comprenaient, il y avait
presque autant de patois ou parlers locaux que de villages, y compris dans
la vallée (12) !
Il en fut de même pour les toponymes :
francisés plutôt que traduits pour l'écrit et les échanges extérieurs, dans les
faits la population a continué à les exprimer dans son parler local. On trouve ainsi
quantité de doublons, le nom français ou francisé d'une part, et son doublon dialectal ou patois
d'autre part.
Les cartographes inventent le
territoire
Le XVIIe siècle marqua le début
l'invention du territoire avec la carte du Dauphiné de Jean de
Beins (13)
publiée en 1622, la première à représenter la Vallouise,
où on relève La Batye, Le Vignaux, Les Prez, Le Puy,
La Val Louyse, S. Anthoine, Les Claux (14).
Les cours d'eau, sans être nommés, sont assez bien représentés indiquant une
bonne connaissance du terrain
(15).
.Nicolas Tassin en 1637 mentionne aussi Vallouise et les
deux branches de la Gerendoine, toujours sans la nommer, dans une carte
du Dauphiné orientée sud-nord. Les montagnes sont mieux dessinées mais
toujours sans nom sur la carte de Nicolas Sanson
(16),
publiée en 1652. La représentation des cours d'eau est quasi identique à
celle de la carte de Jean de Beins mais, parmi les villages, seuls le
Vignau et le Val Loise sont nommés
(14) (17).
Il fallut attendre la carte du
Dauphiné de Pierre Joseph Bourcet
(18),
publiée en 1758, pour une première représentation du relief et la découverte des
montagnes. Les vallées sont bien marquées, les sommets un peu moins mais ils
commencent à être nommés. On y trouve le Grand Pelvoux, la
Montagne d'Oursine future Barre des Écrins,
la Pointe des Verges,
la Montagne des Agniaux
...
Net recul avec la carte de César François Cassini (19)
(20),
publiée en 1779, certes plus agréable à l'œil en version couleur, mais moins
précise en général concernant le relief
(21). La partie concernant
la Vallouise
est néanmoins du plus grand intérêt, par la représentation des vallées, les
lieux détaillés et les noms cités : Bouchier, les Prés, Vallouife et les
Vigneaux sont les villages importants ; les quartiers d'altitude principaux sont
ceux de la Pousterle et de Narreyroux, la montagne de Puy Aillaud, l'Eychauda et
Ailefroide, et, par dessus tout, celui de Bonvoisin.
Voir l'article la Vallouise sur la carte de
Cassini.
La Révolution eut un impact administratif
et politique déterminant dans la région, avec la disparition des Escartons et la
création des départements et des cantons. La communauté de Vallouise vola
en éclat et fut partagée en quatre communes correspondant aux anciennes tierces,
plus les Vigneaux. Elle fut érigée en canton durant la période révolutionnaire
puis finalement intégrée au canton de l'Argentière qui appartenait à l'Embrunais.
C'est dire le traumatisme local !
L'intermède révolutionnaire se traduisit
pas un changement dans les noms qui évoquaient l'ancien régime et la religion.
C'est ainsi que Vallouise et Puy-Saint-Vincent devinrent temporairement Val
Libre et Puy-Prés mais les anciens noms furent vite rétablis. D'ailleurs, la
population n'a jamais dû cesser de les utiliser !
L'avènement de la
cartographie moderne
L'Empire marqua le lancement de
deux réalisations majeures : un plan cadastral parcellaire établi entre 1807 et
1850 base du cadastre actuel, et, une carte destinée à remplacer celle de
Cassini, dont la mise en œuvre se fit entre 1817 et 1866. Ce fut une
carte à l'usage des militaires : la carte de l'état-major, à l'échelle 1/80 000,
ancêtre des cartes de l'IGN.
Les cartographes ont joué un rôle
essentiel d'abord dans les inventaires des noms, ensuite dans leur francisation
et leur graphie,
en partant parfois de simples indications verbales, et enfin dans leur report
sur les cartes (22).
Les cadastres napoléoniens ont également contribué à l'enregistrement et à la
localisation précise de beaucoup de lieux-dits souvent oubliés aujourd'hui
(23). Enfin, les topographes de
l'armée ont triangulé à tout va pour aboutir aux fameuses cartes d'état-major.
N'oublions pas que la première ascension du Pelvoux
par le capitaine Durand en 1828 n'avait que l'objectif de
trianguler le massif !
La Vallouise y gagna un 4000 m, le
sommet des Écrins (24),
méconnu jusqu'alors par les savants et pourtant point culminant de la France
de l'époque.
L'émergence du tourisme dans la seconde
moitié du XIXe siècle fit apparaître des besoins nouveaux non couverts par les
cartes d'état-major, dont la lisibilité et la précision, notamment dans les
massifs montagneux, étaient jugées insuffisantes par les alpinistes réunis dans
le CAF (25)
créé en 1874 ou la STD (26)
fondée en 1875. Il s'en suivit dans la région une émulation entre
Henri Duhamel (27),
le grenoblois, et Paul Guillemin
(28),
le briançonnais, pour produire des cartes civiles, déjà de grande qualité.
Le rattachement de la Savoie à la
France en 1860 fit perdre sa prééminence nationale au sommet des
Écrins pour n'être plus que le point de ce qui était alors appelé simplement
le Haut-Dauphiné.
Les
évolutions récentes de la fin du XIXe siècle au début du XXIe siècle
Les cartes de la fin du XIXe
siècle figent la toponymie régionale, et ce
exclusivement en français. Elles n’évolueront
plus qu’en précision, exactitude et surtout
lisibilité.
Localement,
jusqu’au
milieu
du XXe siècle, les habitants ont continué à
utiliser les noms vernaculaires, rappelant une
donnée fondamentale :
la toponymie ne nous est
parvenue qu’à travers le filtre de la langue
parlée locale :
l’occitan alpin.
En effet,
la Vallouise
est située au cœur de la zone occitane alpine, sa toponymie est occitane alpine
et les noms de lieux traditionnels que l'on utilise encore aujourd'hui nous sont
tous parvenus de l'occitan alpin.
La toponymie de
la Vallouise reste bien vivante, elle évolue même continuellement, ainsi
la Pisse ou la Picho est devenue Pelvoux, mais plus de 100 ans
après le changement, les anciens parlent toujours des Pichallets
(29)
; Ville-Vallouise s'estompe au profit du seul Vallouise ; les communes de
Vallouise et Pelvoux se sont réunies dans la commune nouvelle de vallouise-Pelvoux
(2016) ; la
Vallouise est bien souvent remplacé par la vallée de la Vallouise,
illustration actuelle de la transformation des noms lorsqu'on ne les comprend
plus (30).
Peut-être demain aurons-nous le Val Louise ! ?
Elle s'enrichit aussi de nouveaux noms. Certes, beaucoup de noms liés à
l'exploitation agricole disparaissent avec les derniers exploitants, mais
d'autres les remplacent liés au développement touristique. Les sommets, cols,
lieux remarquables, qui n'étaient pas nommés ont maintenant
tous un nom. Puy-Saint-Vincent, devenu station de ski, à donner naissance
à Puy-Saint-Vincent 1400, 1600 et dernièrement 1800. Le Pays des Écrins
s'impose, en remplacement de l'ancien nom de l'Argentiérois, tombé en
désuétude.
Le Pays
des Écrins est d'ailleurs non seulement un toponyme
mais également une marque déposée. Ce qui traduit dans
ce cas une utilisation de la toponymie à des fins de
promotion touristique. La promotion marketing d’un
territoire, d’une ville, d’une station de ski influe en
effet sur la toponymie. Par exemple,
Chamonix-Mont-Blanc, la Grave-la-Meije,
Saint-Gervais, renommé Saint-Gervais-les-Bains
à l’âge d’or des stations thermales puis
Saint-Gervais-Mont-Blanc, encore plus porteur. Les
noms des stations de ski doivent s’imposer au niveau
international, Val Thorens est meilleur que
Saint-Martin-de-Belleville. Les apocopes sont
fréquentes dans le langage parlé, Cham, Val
Tho, Serre Che.
Par contre, les acronymes sont rares.
Citons le Pays Sud, pour le Pays Serre-Ponçon
Ubaye Durance créé en 2004, et, bien sûr, Paca pour la
région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Un acronyme est peut-être en cours de création dans le
Pays des Écrins pour le nom à rallonge de L’Argentière-la-Bessée, souvent abrégé
en l’ABC
à l’écrit, ce qui donne la Bessée à l’oral,
acronyme de L’Argentière-la-Bessée !
Dans le même ordre d’idée, les noms
tendent tous vers la simplification, c’est pourquoi les
nouveaux noms à rallonge laissent dubitatif.
L’Argentière-la-Bessée encore, à rallonge depuis
1941, La Salle- les-Alpes, Le
Monêtier-les-Bains se réduisent à seulement
l’Argentière, la Salle, (le) Monêtier
dans le langage parlé. Le nom du Pays du Briançonnais
connaît d’entrée de jeu, comme on pouvait s’y attendre,
le même sort que le Pagus Brigantiensum, et se
réduit évidemment à Briançonnais.
L’évolution est frappante concernant la
micro-toponymie. Il s’agit de noms de lieux à l’échelle
d’un hameau, d’une petite communauté, voire d’une
famille. Essentiellement fondée sur l’exploitation
agricole, et ancêtre des GPS pour la localisation
précise, c’est un patrimoine culturel particulièrement
riche en voie de disparition. Mais si une
micro-toponymie disparaît, une autre apparaît. Les
grimpeurs et les alpinistes font preuve d'une
imagination débordante pour nommer leurs voies et les
passages clés de leurs ascensions. Comme la
micro-toponymie agricole, connue de ses seuls
utilisateurs, elle est réservée à un clan d’initiés.
La
toponymie n’est pas figée donc, elle évolue et
continuera à évoluer. Nous sommes d'ailleurs tous les
acteurs de cette évolution.
Notes :
(1) L'homme est apparu dans les Alpes
il y a plusieurs milliers d'années. Des passages et des occupations de plus
longues durées remontant à la nuit des temps ont été identifiés en altitude dans
le vallon de la Selle et au fond de la Combe de Narreyroux pour
la Vallouise, mais aussi dans le vallon du Fournel, le vallon de
Chichin et à Faravel. Ces recherches, encore non publiées pour les
plus récentes, comblent les trous relevés pour les Alpes du Sud dans l'Atlas
culturel des Alpes occidentales, 2004.
(2) Les Alpes se sont fortement
réchauffées après la dernière période glaciaire du Dryas qui remonte à
plus de 10 000 années en arrière. Malgré quelques fluctuations, les glaciers ont
ensuite fortement régressé, voire même disparu, durant plusieurs millénaires.
Ils n'ont envahi à nouveau la montagne que ces 500 dernières années avec une
poussée majeure de 1550 à 1850 durant le Petit Âge Glaciaire (PAG).
Depuis, malgré encore quelques avancées des glaciers dont la dernière ne s'est
achevée que vers 1990, la tendance est à un retrait généralisé et de plus en
plus rapide des glaces - Emmanuel Le Roy Ladurie, Histoire humaine et
comparée du climat, tome 1, 2004 et tome 2, 2006.
(3) Les considérations de certains érudits
du XIXe siècle, souvent reprises encore actuellement, faisant passer des voies
romaines un peu partout, par le Col de l'Eychauda ou le Col de
Bonvoisin, aujourd'hui Col de l'Aup Martin et Pas de la Cavale,
sont au mieux sujettes à caution, au pire fantaisistes. Cette remarque bien sûr
n'exclut pas éventuellement des voies de communication utilisées par les
populations locales à vrai dire très peu romanisées - Au Moyen Âge par
exemple, le Col de l'Eychauda était très emprunté par les vallouisiens
pour se rendre à Briançon et les glaciers étaient très peu développés
facilitant le passage des cols d'altitude.
(4) Lieutenant de Charles Martel,
le patrice Abbon régnait alors sur la Maurienne et le
Val de Suse au pied du Mont-Cenis, où il avait fondé dix ans plus tôt
l'abbaye de Saint-Pierrre de Novalaise sur un de ses domaines. Guy
Barruol, Henri Falque-Vert, Atlas culturel des Alpes
occidentales, 2004.
(5) Ces deux siècles favorisés par le
climat du Petit Optimum Médiéval (POM) voient une croissance importante de la
population - Emmanuel Le Roy Ladurie, Histoire humaine et comparée du climat, tome 1, 2004.
(6) Le médiéviste Jacques Le Goff parle de vrai renaissance à propos du XIIe siècle, époque importante de
changement et de quasi-modernité, à la base des techniques agricoles et
industrielles qui perdureront jusqu'à la révolution industrielle des XVIIIe-XIXe
siècles - Jacques Le Goff, « La Renaissance n'a jamais existé »,
Le Point n°1788-1789, 21-28 décembre 2006.
(7) Beaucoup des noms mentionnés dans le
testament du patrice Abbon au VIIIe siècle semblent avoir disparus aux XIe-XIIe
siècles - Guy Barruol, Henri Falque-Vert, Atlas culturel des
Alpes occidentales, 2004.
(8) La première mention du nouveau nom
dans les archives remonte à 1173, soit bien avant l'arrivée des vaudois,
et la dernière à 1544.
(9) Henri Falque-Vert, Atlas
culturel des Alpes occidentales, 2004.
(10) Jacques Le Goff, « La
Renaissance n'a jamais existé », Le Point n°1788-1789, 21-28
décembre 2006.
(11) Certains voudraient proscrire le
terme « patois » perçu comme méprisant [Faure]. Le mot existe depuis le XIIIe siècle et
dérive de PATTE exprimant, certes, par là la grossièreté des gens parlant ce
langage. Mais le souci de 'bien-pensance' ou le complexe d'infériorité
sous-jacent n'ont pas ou plus lieu d'être. Tous les
interlocuteurs patoisants - comment les appellerait-on ? - que j'ai rencontrés
sont fiers de leur patois et regrettent sa disparition. Au contraire, ils ont
presque un complexe de supériorité de parler une langue que les autres ne
comprennent pas et d'être sollicités par les chercheurs de tous poils, comme
l'auteur ! Ils sont maintenant âgés, une culture et un patrimoine disparaissent
que beaucoup dans les générations suivantes regrettent d'avoir négligés.
On distinguera les parlers locaux
ou patois, propres à chaque localité, multiples variantes issues du
dialecte occitan alpin, lui-même composante alpine de la langue
occitane. On admettra que le terme dialecte peut ne pas se justifier et donc
considérer l'occitan alpin comme une langue à part entière, parlée
dans tout le haut Dauphiné franco-piémontais ainsi qu'en Ubaye et les hautes
vallées du Verdon, du Var et de la Tinée.
(12) À titre d'exemple, le canal ou
béal est béa à Vallouise, bua à Puy Aillaud et béai aux Prés - Comparaison effectuée par Jean Alliey,
Joséphine Granet et Étienne Roman, patoisants originaires de chacun
des villages, décembre 2006.
(13) Jean de Beins (1577 - 1651),
ingénieur et géographe du Roi, Carte et description générale de Dauphiné,
éditée en un très petit nombre d'exemplaires en 1617, puis à nouveau éditée à
seize reprises entre 1622 et 1654.
(14) Les graphies sont celles des cartes.
(15) Il faut dire que celle-ci
était devenue primordiale pour l'armée dans une région frontalière devenue
à son corps défendant champ de batailles ou position arrière lors des guerres
des règnes de Louis XIV et Louis XV. Le résultat de
ces guerres fut catastrophique pour le Briançonnais qui éclata au
Traité d'Utrecht en 1713 avec la perte des Escartons piémontais cédés
au Duc de Savoie et se réduisit alors aux deus seuls Escartons du
Queyras et de Briançon auquel appartenait Vallouise.
(16) Nicolas Sanson d'Abbeville
(1600 - 1667), géographe ordinaire du Roi, Le Gouvernement général du
Dauphiné, 1652.
(17) Ses successeurs dans les décennies
suivantes, entre autres Tillemont en 1690 et de Fer
en 1693 et 1705 s'en inspireront largement sans innover. Tillemont, États de
Savoie et de Piémont, Gouvernement Général du Dauphiné, 1690. Nicolas de Fer,
Gouvernement Général du Dauphiné,
1705.
(18) Pierre Joseph Bourcet
(1700 - 1780), briançonnais des vallées vaudoises juste avant leur cession, est
un militaire, spécialiste de la guerre en montagne, lieutenant général en 1766.
Il est l’auteur de Mémoires militaires sur les frontières de la France et du
Piémont du lac de Genève au Var et de la Carte Géométrique du Haut-Dauphiné
en en 9 feuilles au 1/86400e, basée sur une triangulation.
(19) César-François Cassini de Thury
(1714 - 1784). Il entreprit la carte complète de la France en 182 feuilles au
1/86400. La feuille 151 est celle de Briançon, publiée en 1779 et dont
les relevés ont été effectués entre 1772 et 1777.
(20)
Jacques Cassini commença, de 1733 à
1739, la triangulation du Royaume. Son fils César François Cassini de
Thury la poursuivit et publia les travaux complets en 1783.
Ce dernier commença aussi le levé de la carte du Royaume
au 1/86 400, d'abord avec l'appui financier du Roi, puis avec l'appui d'une
association, d'une souscription publique, et bientôt, le relevé des provinces.
Il mourut en 1784.
Sous la direction de son fils,
Jacques Dominique Cassini, à la veille de la Révolution, la carte pour
l'ensemble du Royaume était quasiment achevée. Des additions nombreuses furent
apportées, essentiellement sur les voies de communication, entre 1798 et 1812.
(21) La carte de Cassini, malgré ses défauts, et la carte
de Bourcet fixeront l'état des connaissances cartographiques à l'orée du
XIXe siècle avant la grande période d'établissement des cartes militaires.
(22) La représentation de la vallée et de
ses sommets sur les cartes a beaucoup évolué depuis les premières cartes des
pionniers du XVIIe siècle jusqu'aux cartes modernes de l'IGN - Laura et
Giorgio Aliprandi, Les Grandes Alpes Dans La Cartographie 1482 1885,
tome 1, Histoire De La Cartographie Alpine, 2005.
(23) C'est bien souvent la seule source à
disposition. Une source très riche qui a enregistré la structure en quartiers et
parcelles de l'espace agricole dans la première moitié du XIXe siècle. Les
différentes éditions postérieures du cadastre s'appuient toujours sur le
cadastre napoléonien concernant la toponymie. Certaines orthographes ont été
modernisées, pas toujours à juste titre d'ailleurs, car croyant corriger des
fautes des mots locaux ont été gommés, comme Font, au sens de source en
occitan, souvent remplacé par Fond.
(24) Les Écrins ou les Arsines,
l'histoire de l'invention du sommet est encore longue avant d'aboutir à la
Barre des Écrins, au Pic Lory et au Dôme de Neige des Écrins.
(25 et 26) Club Alpin Français et
Société des Touristes Dauphinois. La seconde fut créée en réaction au
parisianisme centralisateur du premier par des alpinistes dauphinois, qui à
l'époque ne récusaient pas le terme de touristes !
(27) Henri Duhamel produisit
en particulier en collaboration avec William Coolidge, un Guide
du Haut-Dauphiné (1887-1889) associé à quatre cartes au 1/100 000 qui fit
longtemps autorité.
(28) Voir les différentes pièces du fond
Guillemin aux Archives Départementales des Hautes-Alpes
(ADHA).
(29) En 1893.
(30) La vallée de la Vallouise est
une tautologie car Vallouise inclut déjà le mot vallée dans son nom.